Chambres en souffrance : révéler la parole des artistes et des femmes victimes de violences à travers l’espace intime – LES CAHIERS DE L’ECOLE DU LOUVRE n°15, 2020

Comment les artistes ont-elles extrait la violence de l’espace de la chambre ? Donner à entendre la femme et ses blessures inextricables est l’objectif premier des artistes qui ont eu le désir d’interroger ce cadre intimiste et les expressions, psychanalytiques ou politiques, qui s’en échappaient. La chambre, devenue scène ouverte sur l’extérieur, détient un rôle prépondérant dans la reconstitution d’événements traumatiques, vécus par les artistes elles-mêmes ou par des femmes dont elles se sentent proches. Virginia Woolf a évoqué cet espace clos, dont, à l’image de leur propre corps, les femmes ne pouvaient disposer librement ; la chambre, sans la liberté d’y aimer selon ses choix, d’y créer à sa guise, d’y être seule, se résume à la dépendance, aux abus, aux blessures. Des années 1970 à aujourd’hui, nous retraçons, par des œuvres clefs, reflets de contextes militants, les problématiques soulevées par les artistes : dangers ou violences auxquelles les femmes, étudiantes, prostituées ou jeunes enfants font face.