
A travers le premier épisode, je voulais d’abord vous faire part de mes questionnements actuels et ce qui m’a poussé à créer cette plateforme engagée. Avec le confinement, la situation des artistes a été plus que jamais mise en avant parce qu’il y a une urgence de longue date à reconnaitre leur statut afin d’être encadrer par un régime fiscal et social solide. Le confinement est venu d’autant plus ébranler cette situation de précarité et des actions d’entre-aides et de soutien ont assez vite suivies (ex : les amis des artistes).
Dans cette démarche de soutien, j’ai souhaité développer ce podcast pour leur donner la parole et discuter avec elles/eux de leur réalité. Vous le verrez au début, on le fait de manière plus ou moins renseigné, justement parce qu’on ne détient pas encore toutes les clefs de compréhension et de déconstruction. C’est un travail laborieux dans lequel je me lance et je suis ravie de voir ma pensée évoluer au fil des épisodes que j’ai tourné. En gros, je présente un portrait de la précarité et de la débrouille. Il faut du courage pour être artiste et ces interviews vous en montreront différents degrés. Je vous spoile pas mais on atteint un niveau d’admiration qui explose le plafond de verre.
Dans le premier épisode, j’ai discuté avec Darta Sidere qui est une amie, une artiste que j’ai rencontré à l’Université Rennes 2 où elle a été diplomée d’un Master Arts Plastiques. J’ai tout de suite eu un coup de coeur pour son travail lorsque je l’ai vu exposé à la Galerie Art et Essai de l’université. Cela doit faire 4 ans qu’on se connait et j’ai pu suivre, un peu de loin son parcours parce qu’elle est ensuite partie étudié à Paris. On discute de son travail, une partie que j’adore faire pour décortiquer les problématiques et les relations qui s’établissent au monde. Et on a discuté d’accumulation et d’accélération, de matière plastique, de pierre lisse et tendre, de montagne, de roches métamorphiques, de sculpture du temps, de notre rapport au toucher et de nouvelles technologies. Et puis on a aussi amorcé les problématiques de la condition des jeunes artistes : sa réalité économique pendant ses études et le confinement, son entrée dans le monde professionnel et puis les évolutions qu’elle aimerait voir s’accomplir dans ses droits.
Le but principal du podcast c’est de vous emmenez avec moi dans plusieurs directions : parler avec des artistes, de leur pratique et de leur condition économique notamment. Et aussi discuter avec des historiennes de l’art, des critiques, des galeristes, des doctorantes mêmes pour appréhender tout un tas de connaissances déconstruites en histoire de l’art contemporain et qui ont manqué à mes études. C’est pour cela que je vous parle d’histoire de l’art contemporain féministe, inclusive et décoloniale.
Bien sûr, je ne me suis pas réveillée un matin en me questionnant sur ces choses. En 2016 lors de mon master en histoire de l’art et critique des arts, une figure déterminante de mon parcours a fait explosé un tas de mes neurones et d’idées reçues. Plus question de faire marche arrière, ma réflexion est désormais profondément touché par les théories féministes et postcoloniales, par l’art africain-américain et la visibilité des artistes femmes, notamment. Il s’agit d’Elvan Zabunyan, une professeure qui en a influencé plus d’un.e dans son parcours et qui ont attaqué leurs recherches sur des approches et des mouvements artistiques qui manquent de visibilité : comme les postcolonial studies ou encore les gender studies. D’ailleurs, j’ai accueilli quelqu’une de ces disciples et que j’ai hâte de vous faire écouter. L’une d’elles, et je garde le nom pour moi pour le moment, m’a quant à elle, sans le savoir, ouvert à la parité des identités femmes-hommes cis, bien sûr, mais aussi et surtout trans et queer. Autant vous dire qu’il y a 2-3 ans de ça, je suis rentrée dans un monde sans fin ni fond, j’ai donc fini par tout questionner : l’art contemporain certes, le choix des artistes certes, mais aussi des autrices (quelle place est donner aux femmes dans les anthologies par exemple), leur visibilité et quelle terminologie est employée (parfois sexiste et souvent soumis au male gaze), les théories de l’art excluantes (salut Greenberg), et donc la parité, puis le système des foires, des musées, des galeries, et je dois en oublier.
Toutes ces personnalités m’ont donc fait prendre conscience d’une chose : comment la recherche et les choix engagés dans la représentation de tel ou tel artiste, tel ou tel mouvement social, te ou tel courant artistique politique, telle ou telle identité ont un impact, est un acte engagé, est une forme d’activisme. Je n’ai donc pas la volonté de renouveler quoi que ce soit, j’ai plutôt pour ambition de regrouper les recherches qui ont déjà été faites, les actions, et les personnalités qui agissent en ce sens afin de s’interroger ensemble sur ce que l’on perçoit de tout le système artistique contemporain et actuel.
Je vous laisse donc découvrir le premier épisode avec Darta Sidere, je vous souhaite une bonne écoute et une bonne lecture !